Jugé trop instable et non réparable après la rupture de deux câbles en novembre, le célèbre radiotélescope d’Arecibo s’est effondré soudainement le mardi 1er décembre 2020. Un coup dur pour l’astronomie mondiale qui perd son observatoire le plus emblématique.
C’était l’un des télescopes les plus célèbres de la planète. Sur l’île américaine de Porto Rico, le radiotélescope d’Arecibo, utilisé par les astronomes du monde entier et qui avait, notamment, permis de découvrir les premières planètes en orbite autour d’une autre étoile que le Soleil, s’est effondré le mardi 1er décembre après cinquante-sept ans de service.
Suite à la rupture de deux câbles le 10 août et le 6 novembre, le télescope a été jugé trop instable et non réparable. La National Science Foundation (NSF), l’agence américaine qui finance l’observatoire, avait pris la décision de démolir la structure. Les accès étaient interdits depuis en raison de la crainte d’un effondrement soudain, ce qui s’est finalement produit peu avant 8 heures (heure locale).
Les astronomes savaient depuis plusieurs semaines que la liste des découvertes d’Arecibo ne s’allongerait plus. Beaucoup partageaient leur tristesse, mardi, sur Twitter.
Tristesse et nostalgie
« C’est un désastre absolu », a réagi, ému, le professeur Abel Méndez, directeur du laboratoire habitabilité planétaire de l’université de Porto Rico. « Nombre d’étudiants se formaient à l’astronomie dans l’observatoire, c’est ce qui leur donne l’inspiration de faire une carrière en sciences ou en astronomie, comme moi », a-t-il ajouté.
Tous les astronomes de la planète pouvaient demander une portion de temps du radiotélescope pour faire leurs observations, à distance. « Même de Chine », a précisé Abel Méndez.
C’est aussi un triste symbole de la dégradation de la situation sur le territoire américain, durement frappé ces dernières années par des ouragans et dont les infrastructures tardent à être reconstruites. Même si on ignore à ce stade la cause de la rupture des câbles. « La perte d’Arecibo est une grande perte pour le monde, mais encore plus pour Porto Rico. C’est une icône de notre île », s’est lamenté Abel Méndez.
Ce radiotélescope était l’un des plus grands du monde ; mythique, il était le lieu du film Contact, dans lequel une astronome jouée par Jodie Foster utilisait l’observatoire dans sa quête de signaux extraterrestres. Une scène d’action du film GoldenEye s’était également déroulée au-dessus du télescope.
Sous le hashtag “WhatAreciboMeansToMe” – en français “ce qu’Arecibo signifie pour moi” – un torrent de messages de tristesse et de nostalgie s’est déversé sur Twitter de la part d’astronomes professionnels et amateurs qui, depuis des décennies, ont utilisé le télescope pour leurs travaux d’observation du cosmos.
“Plus qu’un télescope, Arecibo est la raison même pour laquelle je fais de l’astronomie”, a témoigné Kevin Ortiz Ceballos, un astronome local, racontant ses souvenirs en plusieurs tweets.